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Le difficile réveil de la force

Publié le par Shuten Doji

Cette suite du Retour du Jedi, réalisée par J.J. Abrams, fut présentée aux fans de la franchise comme un retour aux sources. Lucasfilm ou Disney, on ne sait plus trop, a fait revenir les principaux acteurs de la première trilogie (1977-83). Ils suppléent un casting de jeunes comédiens : Daisy Ridley, John Boyega, Oscar Isaac et Adam Driver. A l'instar de la Trilogie, le réalisateur a tourné dans des décors naturels en Angleterre, aux studios de Leavesden et dans une forêt de la banlieue de Londres, en Irlande, sur l'île de Skelling Michael, en Islande et dans le désert de Dubaï. L'action se déroule en grande partie sur Jakku, une planète désertique sur laquelle, à la différence de Tatooïne, ne brille qu'un soleil, dans le château de Maz Kanata, dans une base de la Résistance, dans une station orbitale du 1er Ordre, Starkiller, nom en forme d'hommage au travail de George Lucas. Enfin, les bandes-annonces laissaient entrevoir un film sentimentaliste à fond avec entre autres Han Solo et Chewbacca.

L'époque du film se situe 32 ans après la chute de l'Empire. La République a du mal à s'installer et doit faire face à un puissant Premier Ordre, dirigé par le leader suprême Snoke, nostalgique du régime de Palpatine. Rien de neuf, un recyclage du scénario de l'épisode IV et un peu du V et une tentative de corriger les défauts scénaristiques du VI. L'utilisation d'une base destructrice est un peu usée, même si plus puissante que les précédentes, elle annihile des galaxies. Les vaisseaux de la trilogie sont de retour, vaguement modifiés ou repeints, pas assez d'évolutions. On ne trouve que des X-wings, disparus les ailes de série A,B et Y ainsi que les Tie Advanced, Bomber et Interceptor du côté des vilains. Quant à Snoke et Maz Kanata, ils sont de nouvelles versions de personnages familiers, Palpatine et Yoda en l'occurence. 

Avant de voir le film, on peut se demander pourquoi un réveil ? Que s'est-il passé depuis Le Retour' ? Luke Skywalker n'a pas commencé une nouvelle lignée de Jedi ? Il n'apparaît pas sur l'affiche en tout cas, celle-ci, bien sûr, met en avant les nouveaux héros et méchants. Parmi les anciens, Leia, Han Solo et Chewbacca y figurent. On comprend immédiatement cette absence en lisant le texte de début du métrage, Luke Skywalker a disparu. C'est le postulat de ce nouvel épisode. La Résistance, ainsi que le 1er ordre, le recherchent. Le seul indice sur sa localisation réside dans un morceau de carte détenu par le vieux sage, Lor San Tekka, et confié au meilleur pilote de la Résistance, Poe Dameron. Ce dernier le dissimule dans son petit robot sphérique, BB-8, avant de se faire capturer par les troupes du 1er Ordre.

Star Wars revient alors que beaucoup de vieux titres sont ressucités tels Mad Max, Ghostbusters ou Evil Dead au cinéma et à la télévision ( avec l'acteur d'origine ) pour ce dernier. Ici, on a affaire à un reboot déguisé en suite. Les personnages sont de pâles évocations de ceux de la Trilogie. À commencer par les méchants, vraiment ratés, Kylo Ren en tête. C'est un ado attardé de 30 ans qui bousille sa " chambre " à la moindre contrariété. Et çà, dans deux scènes qui confinent à la parodie. Dans la bande-annonce, ils nous l'ont vendu comme le grand méchant de la saga, comment croire à ce personnage après avoir vu son visage, dévoilé son identité et montré la fragilité de ce grand dadais. Il n'a pas un physique facile, il faut l'excuser, il a un grand nez et de grande oreilles cachées par ses longs cheveux. Il n'a pas un charisme évident avec sa gueule de prince Charles. Quant à Snoke, ce n'est que de la syntèse derrière laquelle se cache la performance d'Andy "Gollum, King Kong" Serkis. Cet acteur sous une capuche aurait mieux marché... difficile d'apprécier le design raté de cette baudruche. Le général Hux aurait pu être réussi. Domnhal Gleeson a la gueule des officiers impériaux des opus fondateurs. Mais c'est juste un " p'tit " péteux qui se dispute les faveurs du prof avec l'autre prétentieux de Ren. C'est caricatural. 

Un scénario faible et sans intérêt

On a parfois l'impression d'un pastiche, d'un sitcom. Une famille atypique : Une mère chef de la résistance, un père contrebandier, un fils qui veut jouer les durs pour ressembler à grand-papa Dark mais n'a pas les épaules, Un oncle maître Jedi qui s'est volatilisé. Où alors, peut-on y voir la trace de Michael Arndt, remplacé par Lawrence Kasdan en cours d'écriture, également scénariste de Little Miss Sunshine ? Adam Driver / Paul Dano, même combat ? Greg Kinnear qui ne correspond pas à ce qu'il professe aux autres et la jeune Olive qui ne pourra jamais atteindre son modèle. On a comparé Rey à Nausicaä. Cette dernière fait des choix. Celle qui est sensée être l'héroïne du film attend juste comme une conne le retour de ses parents et fuit devant son destin, avant de l'accepter; comme elle rejette BB-8 avant de le recueillir, tout ça malgré elle... Quant à Ford et Fisher, ils font penser à Arditi et Azéma à la fin de Smoking no smoking. On nous présente un Han Solo en plus vieux, il n'a pas évolué d'un poil, et Léia apparaît plus âgée que le contrebandier, malgré le Botox.

Ensuite, l'appel à de trop nombreux deus ex machina prête à sourire. Quelle chance pour Solo et Chewie de retrouver le Faucon Millenium au moment où Finn et Rey fuient Jakku. Quant à Poe Dameron, que l'on croyait mort, il a réussi à s'échapper de la même planète on ne sait comment et n'a jamais cherché à retrouver BB-8 qui détient le fameux fragment du plan... Invraisemblable ! On dirait Haddock qui arrive de nulle part dans 'L'or noir. D'ailleurs, ce personnage est totalement creux, il n'existe pas. Il est décrit comme le meilleur pilote de la Résistance mais on ne sait pas d'où il vient et comment il a acquis ses compétences, surtout pour faire péter c't'engin de Starkiller. Là ou Luke Skywalker fait appel à la Force pour se débarrasser de l'Etoile noire, bien moins puissante, eh ouais ! Elle peut seulement faire exploser une planète, notre prodige élimine plus gros en 2 coups de cuiller à pot.

Abrams ( ou Disney ? ) décide de tout flinguer en un film, on sait qui est Kylo Ren, on soupçonne les origines de Rey, que reste-t-il pour les prochains épisodes ? Des choix scénaristiques pas très heureux et un peu trop nostalgiques, à vouloir absolument nous montrer ce que l'on connaît déjà. Mais on ne fait pas une oeuvre uniquement avec des sentiments. C'est ce que disait Miyazaki à propos de son fils, Goro, concernant Les Contes de Terremer en 2006.

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