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N. le Maudit

Publié le par Shutendoji

N. comme Nagaï Gô, connu en France pour avoir créé Goldorak, Grendizer au Japon. Il est devenu, ces dernières années, un auteur maudit dans notre pays. Depuis de sombres histoires pécuniaires, liées à la diffusion du robot à cornes hors de l'archipel nippon, entre Tôeï Animation, productrice de l'animé et Dynamic Planning, société de Nagaï, ses oeuvres peinent à sortir chez nous.

Quelques mangas sont parus dans l'Hexagone, de 1998 à 2001, aux éditions Dynamic Visions, Goldorak ( celui scénarisé par Nagaï et Ota Gosaku au crayon ), Devilman et Getter Robot Go, co-écrit avec Ishikawa Ken qui dessine. Une anthologie Mazinger Z fut également publiée. Mais, , écarté du succès international des adaptations en celluloïd de ses séries, se sent floué par Tôeï. Dynamic Planning porte plainte contre elle pour récupérer quelques droits et enfin toucher l'argent généré ( d'autres mangakas font la même chose depuis quelques années... ). Conséquence directe : les droits de ses créations sont bloqués pour l'étranger. Il s'ensuit une procédure judiciaire fleuve qui empêche toute sortie de Grendizer. Le litige se règle par un partage, l'animé est la propriété de Tôeï et Dynamic obtient un droit de véto sur une édition DVD et les royalties sur les produits dérivés.

Début 2004, les galettes numériques sont éditées au Japon mais tardent à arriver dans notre patrie. Car ici, le problème est plus subtil ; le doublage des 52 premiers épisodes appartient à Bruno-René Huchez, importateur de Goldorak, et celui des 22 derniers à Tôeï. Huchez, lui, accuse l'entreprise nippone d'attribution illégale de la licence à AB Production alors qu'elle avait un contrat avec lui. La situation se complique quand Déclic Images sort les DVD en 2005. Celle-ci clame sa bonne foi sur la validité du contrat avec Rouge Citron Productions, la boîte du fils de HuchezAlexandre. Elle s'est procurée les masters ailleurs car selon RCP, les copyrights et son logo ne figurent pas sur les coffrets. Les procès s'enchaînent jusqu'à l'appel en cassation du 27 janvier 2010. Manga Distribution et Déclic Images sont condamnées à verser chacune 2,4 millions d’euros et à détruire les disques. Elles pouvaient se pourvoir contre cette décision.

À cause de ces imbroglios juridiques, Le maître nous est méconnu. Même si une de ses histoires majeures, Devilman, a été publiée il y a une décennie, il reste à découvrir Violence jack, géant sans foi ni loi qui évolue dans un univers post-apocalyptique et doit affronter le plus terrible des seigneurs de guerre, Slum King ; Mazinger Z, souvent évoqué comme le premier grand robot dirigé de l'intérieur. Son utilisation à des fins bienveillantes ou mauvaises dépend de son pilote. Kabuto Kôji, lycéen positif se servira du mécha contre le Dr Hell et ses sbires, le Baron Ashura puis le Comte Blocken. Sur le même modèle manichéen, suivent Great Mazinger et Grendizer. On peut également citer Shutendôji ( tiens ! Ce nom me dit quelque chose... ), héros mi-humain mi-démon qui se bat contre des ennemis d'autres dimensions. La version animée devait sortir chez Dybex en 1997, on en a jamais vu la couleur. Concernant celle de Mazinger, une vingtaine d'épisodes fut diffusée en 1988 sur M6, qui, à l'époque, n'était pas captée par tout le monde. De plus, cette série de 1972, plus ancienne que Goldo' ( 1975 ), arrivant 10 ans après cette dernière en France, apparaît vieillote. Que dire du traitement AB Prod. de Cutie Honey, ( Cherry Miel ). Le doublage occulte l'imagerie lesbienne de ce programme. On voit bien que la prof principale, Mme Alphonne, a une attitude plus qu'ambigüe vis à vis de Honey. Ajoutons le générique de la plus alpine des crétineries, typique de cette sombre période du Club Dorothée pour la japanim'. Quant au " Grand Cornu ", personnage de le plus populaire chez nous, il ne représente pas tellement " l'esprit Nagai ".

Ce qui fait l'oeuvre " nagaienne ", c'est la violence outrancière, le sexe comme dans Violence Jack ou ses autres histoires de démons. Les cases montrent différentes façons d'occire ou d'humilier quelqu'un. Le mangaka aime également associer comique et filles nues dans les milieux scolaires masochistes d'Harenchi Gakuen et Kekko Kamen, vengeresse uniquement vêtue d'un masque et de bottes. En filigrane de ce qui paraît débile pour certains se profile souvent une critique des rapports humains. Pour l'instant, tout ceci est invisible sur notre territoire. Après les DVD Déclic Images, le fiasco des mangas d/visual à Japan Expo 2008 enfonce le clou. Annoncés pour la fameuse convention, Devilman ainsi que deux présentations Nagai Gô, Dynamic Heroes et Mazinger Angels, n'y furent jamais vendus. Une mauvaise communication entre les organisateurs du festival et la société chargée d'acheminer les bouquins fut prétextée...

 

 

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